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RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC

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Message  Admin$glorieux$ Dim 9 Nov - 0:08

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Rencontre entre l’Amicale « Millé » et l’Amicale « Le Glorieux »
Le jeudi 6 Novembre 2014 une délégation de l’amicale « le Glorieux », composée du webmaster André Aymard, du secrétaire Christian Lemesle  accompagné de son épouse et du  président Joël Piersiela,  s’est rendue à Saint Quay-Portrieux, répondant à l’invitation du président de l’amicale « Millé » Guy Eouzan et de son équipe. Le motif de ce déplacement étant de rencontrer un homme d’exception, le QM mécanicien Jean Bohec, âgé de 92 ans, adhérent de l’amicale « Millé ». Jean étant l’un des derniers rescapés  ayant participé à l’évasion du sous-marin « Le Glorieux » lors du sabordage de la flotte à Toulon le 27 novembre 1942. Pour mémoire il s’est échappé avec 4 autres sous-marins le Casabianca, le Marsouin, l’Iris et la Vénus (voir annexe 1 ou consulter le site du Rubis).
Accueil à la maison de retraite en présence de son fils et de sa fille, entretien sous forme de questions –réponses avec l’intéressé. Il nous raconte avec passion, humilité et surtout avec beaucoup d’émotion, la période de sa jeunesse de l’âge de 15 ans jusqu’à ses 24 ans où il est obligé malheureusement, d’abandonner la vie de sous-marinier suite à un incident dans le local batteries, qui le rendra inapte sous-marin. Ne souhaitant pas continuer sa carrière en surface il quitte alors la marine. Cela ne l’empêchera pas de rebondir et  de poursuivre une deuxième carrière dans la Gendarmerie Nationale en tant que Garde Républicain.
Pour nous, qui n’avons pas  vécu cette terrible période de la guerre 39-45, ce retour dans l’histoire fut très instructif et  enrichissant sur le plan humain. Nous sommes surtout admiratifs vis à vis de Jean qui en tant que quartier maitre mécanicien est titulaire de la médaille militaire, de  l’ordre national du mérite, de la médaille des évadés, de la médaille des combattants volontaires et de la médaille du combattant. Il ne lui manque plus qu’à recevoir la légion d’honneur, à laquelle il postule, et qui tarde à venir. Pour lui ce serait le couronnement d’une vie exemplaire au service de la nation. Modestement, en signe de reconnaissance, nous lui avons remis le livre d’or de notre Amicale Sous-marin «Le Glorieux». Nous avons quitté Jean et sa famille en fin d’après-midi, heureux de cette initiative, qui nous l’avons vu dans ses yeux lui a fait un grand plaisir.
Un grand merci à toute l’équipe de l’amicale Millé, à l’origine de cette rencontre, qui nous a accueillis chaleureusement.
Ce sont des initiatives de ce genre favorisant les rencontres entre amicales qui donnent un vrai sens à notre association de l’AGASM.
Signé : Les membres de l’Amicale Le Glorieux en visite à St Quay-Portrieux

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ANNEXE 1
Document figurant sur le site de l'Amicale « Rubis »
La flotte sous marine à TOULON de 1942 à 1945
L’évasion des cinq sous marins
lundi 14 janvier 2013, par Christian LECALARD
 Position des sous-marins en novembre 1942 :  
 
Le 9 novembre 1942, après l’annonce du débarquement allié en Afrique du Nord, la Commission Italienne d’Armistice autorise le réarmement des sous-marins qui ne sont pas en grand carénage ou en démontage, dans le but de défendre les côtes françaises contre une invasion alliée. 
 
Sont réarmés les sous marins suivants :
 - CASABIANCA – IRIS – NAIADE – REDOUTABLE – VENUS – DIAMANT – GLORIEUX – THETIS -  
L’autorisation de la C.I.A permet de récupérer le panneau du kiosque, les périscopes, les soupapes de lancement.
 
 Tous les moyens sont bons pour les équipages de falsifier les niveaux de combustibles.
 A partir du 19 novembre, les rumeurs d’invasion de la zone libre circulant, les ordres de préparation au sabordage sont donnés aux chefs de groupes. Les commandants de certains sous-marins réarmés, préfèrent s’organiser entre eux pour appareiller plutôt que couler leur bâtiment. Tous adoptent un amarrage de leur bâtiment cap à l’ouest et conservent les officiers et les 2/3 de l’équipage à bord, en permanence. 
 
Le 27 novembre 1942 à 4 h 30 les avions allemands larguent des mines dans les passes. A 4 h 50 la porte nord du Morillon est enfoncée et les fusillades éclatent.
 
Les sous-marins appareillent entre 5 h et 5 h 15 dans l’ordre : 
 
 VENUSavec 7 hommes à bord dans l’incapacité de plonger se sabordera à la hauteur de CEPET
CASABIANCAqui ralliera ALGER et reprendra le combat avec les alliés
IRISsous le commandement de l’officier en second ralliera l’ESPAGNE où il sera interné à BARCELONE pour la durée du conflit.
MARSOUINqui ralliera ALGER et reprendra le combat avec les alliés.
GLORIEUXaprès une courte escale à VALENCE, ralliera ORAN et reprendra le combat avec les alliés.
 

 
Se sont immergés à leur poste d’amarrage :
Darse nord du Mourillon : Poste 9 POINCARE – Poste 10 REDOUTABLE – Poste 11 PASCAL – Poste 7 DIAMANT -
Bassins VAUBAN : Bassin 2 AURORE – Bassin 3 ACHERON -
Bassins MISSIESSY  : ESPOIR – EURYDICE – GALATEE – VENGEUR
Centre de MISSIESSY : CAIMAN – FRESNEL – NAIADE – THETIS – SIRENE –
Position des sous-marins le 27 novembre 1942 


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1) MARSOUIN - 2) CASABIANCA - 3) VENUS - 4) GLORIEUX -  5) IRIS -
 
 

Plaque installée sur la façade de l’ancienne caserne des équipages de sous marins au Mourillon sur le site de la DDE (Direction départementale de l’équipement)


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Route suivie par les sous-marins en rade de TOULON
 
 


 
Rapport d’opération du Capitaine de corvette Jean L’HERMINIER

RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Clip_image001  27 novembre 1942 - Evasion du sous-marin Casabianca







dimanche 17 mars 2013, par Christian LECALARD
Le Capitaine de corvette Jean L’HERMINIER, commandant le sous-marin CASABIANCA, avait fait un rapport de mission sur les évènements précurseurs à l’invasion de TOULON, et les conditions de son appareillage le 27 novembre 1942. Ce rapport avait été diffusé aux Commandants des sous-marins basés en AOF dont l’ATALANTE, commandé par le Lieutenant de vaisseau GUILLON.

Ce document nous a été aimablement communiqué par Monsieur Arnaud GUILLON, petit fils du Commandant de l’ATALANTE.


RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Aquare10



ALGER, le 3 décembre 1942
Sous-marin "Casabianca" Commandé
par le CC L’HERMINIER

RAPPORT D’OPERATION







O B J E T : Sortie de TOULON du sous-marin "CASABIANCA" et traversée de TOULON à ALGER
 
Copie du document original
------------------------
Chapitre A :
Situation générale de TOULON avant l’agression allemande :
1- La nouvelle de l’agression américaine contre le MAROC et l’ALGERIE parvenue aux autorités allemandes, celle-ci entreprennent aussitôt l’occupation de la côte française de la MEDITERRANEE.
Le 12 novembre, les Allemands et les Italiens occupent la côte ; mais s’arrêtent à l’ouest de TOULON à la côte du CAMP, à l’est à SOLLIES PONT.
Par délégation du gouvernement de VICHY, le Vice-amiral MARQUIS Préfet maritime de la 3ème Région, doit négocier avec les autorités allemandes en ce qui concerne la défense de TOULON et de ses environs.
Il est entendu que la région toulonnaise sera défendue par les Français ; des renforts de l’armée seront mis aux ordres du Préfet maritime de la 3ème région pour ce faire.
Les Allemands s’arrêtent d’abord aux précités.
L’Armée française d’Armistice afflue par la route et chemin de fer.
Les premiers contingents prennent place. Les officiers, sur réquisition logent chez l’habitant.
2- L’envahissement de la zone libre n’étonne plus personne ; mais l’arrivée des troupes françaises rassure un moment la population de TOULON et la MARINE sur l’éventualité d’une occupation de l’Axe.
La lettre du Chancelier au Maréchal PETAIN convainc peu de gens. Certains optimistes la prennent comme un aveu de faiblesse du Chancelier. D’autres comme un essai habile de collaboration totale française.
La germanophobie n’a pourtant cessé de croître.
3- Dans l’Armée et la Marine une violente révolte naît dans les esprits, à l’idée de partager le sort des armes allemandes.
Mais l’activité du réarmement sur les bateaux, les manœuvres des troupes redonnent pour un moment une fièvre à tous. On espère combattre et défendre une partie du sol français. Les armes sont légères aux mains des hommes.
L’Armée a une très belle allure, la Marine est gonflée ; les records sont battus par tous dans le réarmement des navires.
4- Mais, les nouvelles d’AOF, le manque de confiance, non point dans la loyauté des troupes, mais dans leur désir de se battre côte à côte avec eux, fait prendre aux Allemands la décision de retirer l’Armée de TOULON et de disperser dans les régions différentes de la France non occupée.
L’exécution de ce retrait commencé le 19 remplit tous les esprits d’angoisse.
5- Les Allemands enserrent TOULON. Le camp retranché est de nouveau défini et réduit par les Allemands (limite W : LE BRUSC ; limite E LA VALETTE). Ils sont à OLLIOULES, SIX-FOURS, etc ...
Les Allemands décident que ce camp retranché sera défendu par la Marine Française seule.
Celle-ci met sur pied aussitôt un plan de défense. Elle crée des bataillons et des compagnies de marins pris sur les bâtiments de l’escadre, dans les centres, les dépôts etc... Elle articule le Commandement.
Mais cette troupe composée de marins de différents bâtiments, mal formée à son nouveau métier ne pourra obtenir la cohésion et l’esprit de corps nécessaire tout de suite.
On ne peut improviser ainsi.
C’est pourtant ce que les Allemands imposent aux Autorités locales : par leur brusque changement de décision, manœuvre de la dernière minute, déloyale et voulue par eux.
6- SITUATION DES BATIMENTS
Beaucoup de navires sont donc privés d’équipages complets.
Les bâtiments armés, à ma connaissance sont les uns à 3 heures d’appareillage, les autres à 6 heures.
3 sous-marins sont armés : CASABIANCA, DIAMANT, MARSOUIN sont à 90 minutes.
La dépense de mazout correspondant à la situation à 3 heures d’appareillage fait renoncer à cette mesure.
A la veille de l’agression, les bâtiments de surface étaient tous rétablis dans la situation à 6 heures.
7- ORDRE DE SABORDEMENT
Dès le retrait des troupes de l’Armée française de la région Toulonnaise le sabordement des bateaux est envisagé. Des ordres très détaillés et étudiés des Forces de Haute Mer fixent les opérations à effectuer pour rendre les bâtiments complètement inutilisables (coque, artillerie, optique, chavirement des bâtiments).
Les sous-marins reçoivent aussi des ordres d’abord d’immersion pure et simple sur place, puis de destruction par grenades et pétards.
Pendant les 8 jours qui ont précédé l’agression les ordres ont été constamment changés. Immersion pure et simple des bâtiments sans chavirement ou destruction complète selon (je suppose) l’impression des autorités locales sur la valeur de la sincérité allemande au sujet du respect de la Flotte.
Ces journées ont été remplies d’une angoisse affreuse pour toute la Marine embarquée.
8- Les 11 novembre, les commandants recoivent l’ordre d’annoncer à leurs équipages qu’il faut se préparer à saborder leur bâtiment sur ordre.
Plusieurs incidents eurent lieu sur différents bâtiments. A cette annonce de nombreux marins se refusant à admettre de détruire leur bâtiment ou de le quitter ;
Sur mon bateau, prêt à toute mission, la gorge serrée, j’ai appris la nouvelle à mon équipage, tout en leur disant que j’espérais encore recevoir l’ordre d’agir, d’appareiller ou d’exécuter une mission d’attaque contre tout agresseur.
Le plus ancien de mes quartier-maitres est venu avec tout le respect et la ferveur qui animait mon équipage, m’exprimer le vœu de ses camarades de ne pas saborder leur "CASABIANCA".
Pour cacher mon émotion, je leur ai rétorqué qu’ils n’auraient qu’à exécuter mes ordres comme d’habitude et qu’il n’y avait rien de perdu.
Les marins français voulaient se battre. Ils avaient suffisamment d’exemples à suivre.
9- REGIME DES PERMISSIONNAIRES
Après avoir conservé pendant 3 jours le régime DANGER (tout le monde à bord) les hommes mariés puis non mariés et de bonne conduite furent envoyés sur ordre quotidien par quart à terre de midi à 18 h 30. Les derniers jours, les hommes mariés obtinrent ma faveur de passer une nuit à terre tous les 8 jours.
Dès les premières sorties à terre quelques manifestations eurent lieu à la rentrée des permissionnaires. A une rentrée de permissionnaires sur le quai Cronstadt des cris furent poussés : "VIVE DARLAN, A BAS LES BOCHES".
Dans les courtes minutes passées à terre, j’ai eu une mauvaise impression de la tenue de certains matelots. Les esprits étaient très troublés et la tenue s’en ressentait.
10- Bref, tous se sentaient instinctivement enserrés dans le dispositif allemand.
11- En ce qui concerne les sous-marins, nous ne cessions de penser au sabordage inutile et pratiquement impossible dans la darse envasée du MOURILLON.
Plusieurs d’entre nous s’amarraient l’AR à quai pour pouvoir appareiller plus facilement, avec encore l’intention de nous couler par fonds de 300 m intention qu’aucun d’entre nous n’a voulu mettre à exécution une fois sorti des passes et après avoir échappé à la contrainte allemande.
 
CONCLUSION :
L’accord conclu en Afrique du Nord avec les armées alliées a renforcé la conviction à peu près générale que le salut du pays ne viendra que d’une action exclusive de toute collaboration franco-allemande. Cet accord a fait naître chez beaucoup l’espoir de voir grandir en Afrique, l’Armée de la libération, solidement équipée qui lavera l’affront de la débâcle de 1940.
A ce titre l’action personnelle de l’Amiral DARLAN que les journaux ont annoncé d’ailleurs sans commentaires a peu à peu éclairé les esprits sur la nécessité de grouper les énergies françaises en échappant à tout contrôle allemand.
Le grand public resté foncièrement germanophobe et ouvertement favorable à toute action diplomatique ou militaire faisant pièce au Reich, a vu ainsi se renforcer l’autorité et le prestige de l’Amiral de la flotte qui s’est placé à la tête d’un mouvement dont la popularité est indéniable.



CHAPITRE C
P.J. Chronologique des évènements pendant la sortie de TOULON
1- ALERTE - MANOEUVRE DE SORTIE DU CASABIANCA
A 5 h du matin le 27 novembre un long coup de klaxon (convention du bord) donné par le veilleur de passerelle, nous avertit de mettre immédiatement au poste de manœuvre.
Le quartier maître torpilleur LIONNAIS, de veille, observe un remue-ménage sur le quai et entend crier : "LES BOCHES ARRIVENT".
Tous sont sur pied aussitôt. On entend un tir de mitrailleuse proche.
Le Capitaine de frégate BARY commandant le GSMR est sur le quai et nous dit d’être prêt à appareiller.
J’ordonne : "LARGUEZ".
Cette manœuvre s’effectue aussitôt. Nous avions pris la veille les dispositions suivantes que j’expose ici parce qu’elles présentent un intérêt général ; - les aussières de postes avaient été frappées sur les crocs de remorque à échappement manœuvrables de l’intérieur du sous-marin. Nous n’avions donc aucun homme exposé sur le pont au tir de l’ennemi.
Aussitôt largué, j’ordonne "en avant 4". Le commandant de la VENUS m’interpelle : "Commandant, je suis déjà en avant, laissez-moi passer".
Il était convenu entre nous que le premier paré foncerait sur la panne du MOURILLON pour la briser. Depuis longtemps nous n’avions pas confiance dans l’ouverture rapide de cette panne. J’ai bien souvent demandé qu’elle restât ouverte toute la nuit.
Je suis la VENUS et la dépasse par Bâbord, car son commandant m’apprend qu’il est engagé dans la panne. Je me dirige à bonne allure vers la sortie de la rade pour en faire ouvrir les barrages.
VENUS se dégage et suit. DIAMANT * suit. MARSOUIN suit.
* (1) DIAMANT : Son commandant prendra finalement la décision de sabordage à son poste d’amarrage.
* (2) Ordre d’appareillage du MOURILLON : VENUS - CASABIANCA - MARSOUIN - IRIS - LE GLORIEUX -
Passage à la grande passe : CASABIANCA - VENUS - MARSOUIN - IRIS - LE GLORIEUX -
 
2- TRAVERSEE
Pendant notre traversée de la rade, de nombreux avions allemands survolent le plan d’eau et lancent des chenilles éclairantes. On voit comme en plein jour. La DCA allume tous ses projecteurs, éclaire des avions ? Des avions ainsi éclairés allument leurs feux de route. Les projecteurs s’éteignent. Pas de réaction de la DCA ?
3- D’autres avions qui ont aperçu les sous-marins se dirigeant vers la sortie, piquent feux masqués et lâchent des mines magnétiques et des bombes sur notre chemin.
Aucune réaction de la DCA contre ces avions ce qui fait penser que les différents postes avaient déjà été occupés par les Allemands car il ne pouvait subsister aucun doute sur leurs intentions.
Arrivés aux passes nous hélons le remorqueur. Celui-ci veut des ordres supérieurs pour ouvrir. Le lieutenant de vaisseau BELLET, officier en second est sur l’avant avec un révolver convaincant.
Mais, au moment où l’étrave sur le barrage, nous allions décider le remorqueur par la force, une bombe ou une mine lâchée par un avion allemand tombe et explose très près du torpilleur de grand’garde LE MARS amarré à SAINT MANDRIER à 300 m de nous. Le patron du remorqueur comprend, commence à ouvrir, siffle son collègue des estacades pour lui faire ouvrir celles-ci.
Je me faufile.
Nous entendons et apercevons de nombreux avions allemands. 3 avions piquent vers nous. Ils lâchent leurs mines magnétiques très près de nous. Je mets en avant toute et serre de très près la jetée sud pour s’éloigner des points de chute. Je plonge à toucher la jetée car d’autres avions s’approchent et lancent des chenilles éclairantes qui leur permet de voir tout bâtiment de surface.
5- De nombreuses explosions sont entendues en plongée (voir exposé chronologique) l’une d’entre elle plus rapprochée fait déclencher le compas, stoppe un ventilateur et crée des fuites aux tuyautages intérieurs de gas-oil. Je regagne à l’estime la haute mer.
Le jour se lève et je continue à 40 m d’immersion vers le sud en reprenant la vue toutes les heures aux vacations.
Sur TOULON de grands panaches de fumée s’élèvent. La flotte allume-t-elle, est-elle bombardée ou se saborde-t-elle ? Je penses à ces trois éventualités et je décide de croiser pendant 24 h devant TOULON pour tenter de torpiller tout bâtiment italien ou allemand se présentant devant TOULON.
En surface de nuit, j’attends l’ordre de combattre, faute duquel j’aurai la certitude de devoir rallier sans retard l’Afrique du Nord.
7- A 2 h le 28, je décide de rallier l’Algérie. On ne parlait en France que de la démolition d’Alger et d’Oran. Ces ports étaient devenus inhabitables et déserts.
Je décide de rallier MOSTAGANEM d’où j’aurais alerté COMAR ORAN en lui demandant des ordres et en lui signalant mes besoins.
A 7 h le 29 nous avons déchiffré le message du MARSOUIN reçu à 22 h 54 le 28.
Après plus ample réflexion, je rallie Alger où je suis assuré de pouvoir me mettre sans retard aux ordres de l’Amiral de la Flotte.
8- J’essayais sans succès dans la journée du 29, puis dans la nuit d’annoncer mon arrivée à Alger dans la matinée du 30. (Avarie du poste émetteur).
 
A 25 milles de MATIFOU, je plonge le 30 à 2 h du matin, car la lune rend la nuit très claire dans une région où peuvent nous atteindre les sous-marins de l’axe.
A 6 h 15 je fais surface et hisse pour éviter toute méprise un grand pavillon français à la hune télescopique de vigie hissée à bloc transformée en mât de signaux
Je suis alors pris en charge par un chalutier et un dragueur anglais.
Le Capitaine de corvette Jean L’HERMINIER Commandant le sous-marin "CASABIANCA" signé L’HERMINIER



RAPPORT D’OPERATION
Chapitre M
En ces jours difficiles, l’attitude de tous a été celle que j’attendais : disciplinée et fanatique, avide d’en découdre, l’État major et l’équipage constitue un bloc parfaitement soudé digne d’une mission périlleuse.
L’inaction ou la patrouille anodine me paraissent de nature à décevoir sévèrement le personnel qui ne demande qu’à participer de façon collective à toute opération réputée dangereuse.



Chronologique des évènements de la sortie de TOULON à 1 H 55 le 28 novembre
05 h 05 - Alerte - Rappelé aux postes de manœuvre.
05 h 10 - Entendu rafales de mitrailleuses du côté de la porte Bazeilles. Largué de l’intérieur les aussières par les crocs de remorque La VENUS amarré à tribord du CASABIANCA appareille et rompt la panne du MOURILLON, elle engage son arrière dans un fil d’acier et entraîne derrière elle 3 ou 4 tronçons de la panne.
05 h 15 - Le CASABIANCA appareille dépasse la VENUS dans la passe du MOURILLON en la laissant par tribord. Le CASABIANCA fait route en avant 4 (10 nœuds) vers la sortie de la rade.
05 h 20 - 2 avions survolent la rade et allument leurs feux de route après avoir été repérés par les projecteurs. Ils éclairent la rade au moyen de fusées éclairantes à chenilles.
05 h 25 - Le CASABIANCA suivi par la VENUS, LE DIAMANT * et le MARSOUIN se présentent devant les passes. Le patron du remorqueur refuse d’ouvrir le barrage sans ordres supérieurs. Un avion se présente au-dessus des SABLETTES et lance une bombe ou mine qui explose à 300 m environ dans le gisement 120 du CASABIANCA. Les remorqueurs ouvrent le barrage. Le premier remorqueur engage son hélice et laisse le premier barrage incomplètement ouvert.
05 h 30 - Franchi la passe de TOULON. 3 avions survolent le CASABIANCA à 100 mètres d’altitude et lancent trois mines magnétiques au gisement 300 et à 200 mètres environ.
05 h 50 - Route au 130. 05 h 55 - Route au 180.
06 h 01 - 2 explosions plus rapprochées à bâbord. Le compas gyroscopique décroche. Le ventilateur stoppe ; les joints de pétrole sur la boîte égyptienne bâbord sont ébranlés et fuient légèrement.
06 h 12 - L’écouteur au G16 entend 4 explosions lointaines.

06 h 30 - 2 explosions à bâbord. Etc. Voir routes.
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Message  Admin$glorieux$ Sam 8 Nov - 23:44

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Admin$glorieux$ a écrit:
Rencontre entre l’Amicale « Millé » et l’Amicale « Le Glorieux »
Le jeudi 6 Novembre 2014 une délégation de l’amicale « le Glorieux », composée du webmaster André Aymard, du secrétaire Christian Lemesle  accompagné de son épouse et du  président Joël Piersiela,  s’est rendue à Saint Quay-Portrieux, répondant à l’invitation du président de l’amicale « Millé » Guy Eouzan et de son équipe. Le motif de ce déplacement étant de rencontrer un homme d’exception, le QM mécanicien Jean Bohec, âgé de 92 ans, adhérent de l’amicale « Millé ». Jean étant l’un des derniers rescapés  ayant participé à l’évasion du sous-marin « Le Glorieux » lors du sabordage de la flotte à Toulon le 27 novembre 1942. Pour mémoire il s’est échappé avec 4 autres sous-marins le Casabianca, le Marsouin, l’Iris et la Vénus (voir annexe 1 ou consulter le site du Rubis).
Accueil à la maison de retraite en présence de son fils et de sa fille, entretien sous forme de questions –réponses avec l’intéressé. Il nous raconte avec passion, humilité et surtout avec beaucoup d’émotion, la période de sa jeunesse de l’âge de 15 ans jusqu’à ses 24 ans où il est obligé malheureusement, d’abandonner la vie de sous-marinier suite à un incident dans le local batteries, qui le rendra inapte sous-marin. Ne souhaitant pas continuer sa carrière en surface il quitte alors la marine. Cela ne l’empêchera pas de rebondir et  de poursuivre une deuxième carrière dans la Gendarmerie Nationale en tant que Garde Républicain.
Pour nous, qui n’avons pas  vécu cette terrible période de la guerre 39-45, ce retour dans l’histoire fut très instructif et  enrichissant sur le plan humain. Nous sommes surtout admiratifs vis à vis de Jean qui en tant que quartier maitre mécanicien est titulaire de la médaille militaire, de  l’ordre national du mérite, de la médaille des évadés, de la médaille des combattants volontaires et de la médaille du combattant. Il ne lui manque plus qu’à recevoir la légion d’honneur, à laquelle il postule, et qui tarde à venir. Pour lui ce serait le couronnement d’une vie exemplaire au service de la nation. Modestement, en signe de reconnaissance, nous lui avons remis le livre d’or de notre Amicale Sous-marin «Le Glorieux». Nous avons quitté Jean et sa famille en fin d’après-midi, heureux de cette initiative, qui nous l’avons vu dans ses yeux lui a fait un grand plaisir.
Un grand merci à toute l’équipe de l’amicale Millé, à l’origine de cette rencontre, qui nous a accueillis chaleureusement.
Ce sont des initiatives de ce genre favorisant les rencontres entre amicales qui donnent un vrai sens à notre association de l’AGASM.
Signé : Les membres de l’Amicale Le Glorieux en visite à St Quay-Portrieux


RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Img_6210RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Img_6211
RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Img_6212RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Img_6213


ANNEXE 1
Document figurant sur le site de l'Amicale « Rubis »
La flotte sous marine à TOULON de 1942 à 1945
L’évasion des cinq sous marins
lundi 14 janvier 2013, par Christian LECALARD
 Position des sous-marins en novembre 1942 :  
 
Le 9 novembre 1942, après l’annonce du débarquement allié en Afrique du Nord, la Commission Italienne d’Armistice autorise le réarmement des sous-marins qui ne sont pas en grand carénage ou en démontage, dans le but de défendre les côtes françaises contre une invasion alliée. 
 
Sont réarmés les sous marins suivants :
 - CASABIANCA – IRIS – NAIADE – REDOUTABLE – VENUS – DIAMANT – GLORIEUX – THETIS -  
L’autorisation de la C.I.A permet de récupérer le panneau du kiosque, les périscopes, les soupapes de lancement.
 
 Tous les moyens sont bons pour les équipages de falsifier les niveaux de combustibles.
 A partir du 19 novembre, les rumeurs d’invasion de la zone libre circulant, les ordres de préparation au sabordage sont donnés aux chefs de groupes. Les commandants de certains sous-marins réarmés, préfèrent s’organiser entre eux pour appareiller plutôt que couler leur bâtiment. Tous adoptent un amarrage de leur bâtiment cap à l’ouest et conservent les officiers et les 2/3 de l’équipage à bord, en permanence. 
 
Le 27 novembre 1942 à 4 h 30 les avions allemands larguent des mines dans les passes. A 4 h 50 la porte nord du Morillon est enfoncée et les fusillades éclatent.
 
Les sous-marins appareillent entre 5 h et 5 h 15 dans l’ordre : 
 
 VENUSavec 7 hommes à bord dans l’incapacité de plonger se sabordera à la hauteur de CEPET
CASABIANCAqui ralliera ALGER et reprendra le combat avec les alliés
IRISsous le commandement de l’officier en second ralliera l’ESPAGNE où il sera interné à BARCELONE pour la durée du conflit.
MARSOUINqui ralliera ALGER et reprendra le combat avec les alliés.
GLORIEUXaprès une courte escale à VALENCE, ralliera ORAN et reprendra le combat avec les alliés.
 

 
Se sont immergés à leur poste d’amarrage :
Darse nord du Mourillon : Poste 9 POINCARE – Poste 10 REDOUTABLE – Poste 11 PASCAL – Poste 7 DIAMANT -
Bassins VAUBAN : Bassin 2 AURORE – Bassin 3 ACHERON -
Bassins MISSIESSY  : ESPOIR – EURYDICE – GALATEE – VENGEUR
Centre de MISSIESSY : CAIMAN – FRESNEL – NAIADE – THETIS – SIRENE –
Position des sous-marins le 27 novembre 1942 


RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Mouril11


1) MARSOUIN - 2) CASABIANCA - 3) VENUS - 4) GLORIEUX -  5) IRIS -
 
 

Plaque installée sur la façade de l’ancienne caserne des équipages de sous marins au Mourillon sur le site de la DDE (Direction départementale de l’équipement)


RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Sony0010



RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Evasio10



Route suivie par les sous-marins en rade de TOULON
 
 


 
Rapport d’opération du Capitaine de corvette Jean L’HERMINIER

RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Clip_image001  27 novembre 1942 - Evasion du sous-marin Casabianca





dimanche 17 mars 2013, par Christian LECALARD
Le Capitaine de corvette Jean L’HERMINIER, commandant le sous-marin CASABIANCA, avait fait un rapport de mission sur les évènements précurseurs à l’invasion de TOULON, et les conditions de son appareillage le 27 novembre 1942. Ce rapport avait été diffusé aux Commandants des sous-marins basés en AOF dont l’ATALANTE, commandé par le Lieutenant de vaisseau GUILLON.

Ce document nous a été aimablement communiqué par Monsieur Arnaud GUILLON, petit fils du Commandant de l’ATALANTE.


RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Aquare10



ALGER, le 3 décembre 1942
Sous-marin "Casabianca" Commandé
par le CC L’HERMINIER

RAPPORT D’OPERATION





O B J E T : Sortie de TOULON du sous-marin "CASABIANCA" et traversée de TOULON à ALGER
 
Copie du document original
------------------------
Chapitre A :
Situation générale de TOULON avant l’agression allemande :
1- La nouvelle de l’agression américaine contre le MAROC et l’ALGERIE parvenue aux autorités allemandes, celle-ci entreprennent aussitôt l’occupation de la côte française de la MEDITERRANEE.
Le 12 novembre, les Allemands et les Italiens occupent la côte ; mais s’arrêtent à l’ouest de TOULON à la côte du CAMP, à l’est à SOLLIES PONT.
Par délégation du gouvernement de VICHY, le Vice-amiral MARQUIS Préfet maritime de la 3ème Région, doit négocier avec les autorités allemandes en ce qui concerne la défense de TOULON et de ses environs.
Il est entendu que la région toulonnaise sera défendue par les Français ; des renforts de l’armée seront mis aux ordres du Préfet maritime de la 3ème région pour ce faire.
Les Allemands s’arrêtent d’abord aux précités.
L’Armée française d’Armistice afflue par la route et chemin de fer.
Les premiers contingents prennent place. Les officiers, sur réquisition logent chez l’habitant.
2- L’envahissement de la zone libre n’étonne plus personne ; mais l’arrivée des troupes françaises rassure un moment la population de TOULON et la MARINE sur l’éventualité d’une occupation de l’Axe.
La lettre du Chancelier au Maréchal PETAIN convainc peu de gens. Certains optimistes la prennent comme un aveu de faiblesse du Chancelier. D’autres comme un essai habile de collaboration totale française.
La germanophobie n’a pourtant cessé de croître.
3- Dans l’Armée et la Marine une violente révolte naît dans les esprits, à l’idée de partager le sort des armes allemandes.
Mais l’activité du réarmement sur les bateaux, les manœuvres des troupes redonnent pour un moment une fièvre à tous. On espère combattre et défendre une partie du sol français. Les armes sont légères aux mains des hommes.
L’Armée a une très belle allure, la Marine est gonflée ; les records sont battus par tous dans le réarmement des navires.
4- Mais, les nouvelles d’AOF, le manque de confiance, non point dans la loyauté des troupes, mais dans leur désir de se battre côte à côte avec eux, fait prendre aux Allemands la décision de retirer l’Armée de TOULON et de disperser dans les régions différentes de la France non occupée.
L’exécution de ce retrait commencé le 19 remplit tous les esprits d’angoisse.
5- Les Allemands enserrent TOULON. Le camp retranché est de nouveau défini et réduit par les Allemands (limite W : LE BRUSC ; limite E LA VALETTE). Ils sont à OLLIOULES, SIX-FOURS, etc ...
Les Allemands décident que ce camp retranché sera défendu par la Marine Française seule.
Celle-ci met sur pied aussitôt un plan de défense. Elle crée des bataillons et des compagnies de marins pris sur les bâtiments de l’escadre, dans les centres, les dépôts etc... Elle articule le Commandement.
Mais cette troupe composée de marins de différents bâtiments, mal formée à son nouveau métier ne pourra obtenir la cohésion et l’esprit de corps nécessaire tout de suite.
On ne peut improviser ainsi.
C’est pourtant ce que les Allemands imposent aux Autorités locales : par leur brusque changement de décision, manœuvre de la dernière minute, déloyale et voulue par eux.
6- SITUATION DES BATIMENTS
Beaucoup de navires sont donc privés d’équipages complets.
Les bâtiments armés, à ma connaissance sont les uns à 3 heures d’appareillage, les autres à 6 heures.
3 sous-marins sont armés : CASABIANCA, DIAMANT, MARSOUIN sont à 90 minutes.
La dépense de mazout correspondant à la situation à 3 heures d’appareillage fait renoncer à cette mesure.
A la veille de l’agression, les bâtiments de surface étaient tous rétablis dans la situation à 6 heures.
7- ORDRE DE SABORDEMENT
Dès le retrait des troupes de l’Armée française de la région Toulonnaise le sabordement des bateaux est envisagé. Des ordres très détaillés et étudiés des Forces de Haute Mer fixent les opérations à effectuer pour rendre les bâtiments complètement inutilisables (coque, artillerie, optique, chavirement des bâtiments).
Les sous-marins reçoivent aussi des ordres d’abord d’immersion pure et simple sur place, puis de destruction par grenades et pétards.
Pendant les 8 jours qui ont précédé l’agression les ordres ont été constamment changés. Immersion pure et simple des bâtiments sans chavirement ou destruction complète selon (je suppose) l’impression des autorités locales sur la valeur de la sincérité allemande au sujet du respect de la Flotte.
Ces journées ont été remplies d’une angoisse affreuse pour toute la Marine embarquée.
8- Les 11 novembre, les commandants recoivent l’ordre d’annoncer à leurs équipages qu’il faut se préparer à saborder leur bâtiment sur ordre.
Plusieurs incidents eurent lieu sur différents bâtiments. A cette annonce de nombreux marins se refusant à admettre de détruire leur bâtiment ou de le quitter ;
Sur mon bateau, prêt à toute mission, la gorge serrée, j’ai appris la nouvelle à mon équipage, tout en leur disant que j’espérais encore recevoir l’ordre d’agir, d’appareiller ou d’exécuter une mission d’attaque contre tout agresseur.
Le plus ancien de mes quartier-maitres est venu avec tout le respect et la ferveur qui animait mon équipage, m’exprimer le vœu de ses camarades de ne pas saborder leur "CASABIANCA".
Pour cacher mon émotion, je leur ai rétorqué qu’ils n’auraient qu’à exécuter mes ordres comme d’habitude et qu’il n’y avait rien de perdu.
Les marins français voulaient se battre. Ils avaient suffisamment d’exemples à suivre.
9- REGIME DES PERMISSIONNAIRES
Après avoir conservé pendant 3 jours le régime DANGER (tout le monde à bord) les hommes mariés puis non mariés et de bonne conduite furent envoyés sur ordre quotidien par quart à terre de midi à 18 h 30. Les derniers jours, les hommes mariés obtinrent ma faveur de passer une nuit à terre tous les 8 jours.
Dès les premières sorties à terre quelques manifestations eurent lieu à la rentrée des permissionnaires. A une rentrée de permissionnaires sur le quai Cronstadt des cris furent poussés : "VIVE DARLAN, A BAS LES BOCHES".
Dans les courtes minutes passées à terre, j’ai eu une mauvaise impression de la tenue de certains matelots. Les esprits étaient très troublés et la tenue s’en ressentait.
10- Bref, tous se sentaient instinctivement enserrés dans le dispositif allemand.
11- En ce qui concerne les sous-marins, nous ne cessions de penser au sabordage inutile et pratiquement impossible dans la darse envasée du MOURILLON.
Plusieurs d’entre nous s’amarraient l’AR à quai pour pouvoir appareiller plus facilement, avec encore l’intention de nous couler par fonds de 300 m intention qu’aucun d’entre nous n’a voulu mettre à exécution une fois sorti des passes et après avoir échappé à la contrainte allemande.
 
CONCLUSION :
L’accord conclu en Afrique du Nord avec les armées alliées a renforcé la conviction à peu près générale que le salut du pays ne viendra que d’une action exclusive de toute collaboration franco-allemande. Cet accord a fait naître chez beaucoup l’espoir de voir grandir en Afrique, l’Armée de la libération, solidement équipée qui lavera l’affront de la débâcle de 1940.
A ce titre l’action personnelle de l’Amiral DARLAN que les journaux ont annoncé d’ailleurs sans commentaires a peu à peu éclairé les esprits sur la nécessité de grouper les énergies françaises en échappant à tout contrôle allemand.
Le grand public resté foncièrement germanophobe et ouvertement favorable à toute action diplomatique ou militaire faisant pièce au Reich, a vu ainsi se renforcer l’autorité et le prestige de l’Amiral de la flotte qui s’est placé à la tête d’un mouvement dont la popularité est indéniable.



CHAPITRE C
P.J. Chronologique des évènements pendant la sortie de TOULON
1- ALERTE - MANOEUVRE DE SORTIE DU CASABIANCA
A 5 h du matin le 27 novembre un long coup de klaxon (convention du bord) donné par le veilleur de passerelle, nous avertit de mettre immédiatement au poste de manœuvre.
Le quartier maître torpilleur LIONNAIS, de veille, observe un remue-ménage sur le quai et entend crier : "LES BOCHES ARRIVENT".
Tous sont sur pied aussitôt. On entend un tir de mitrailleuse proche.
Le Capitaine de frégate BARY commandant le GSMR est sur le quai et nous dit d’être prêt à appareiller.
J’ordonne : "LARGUEZ".
Cette manœuvre s’effectue aussitôt. Nous avions pris la veille les dispositions suivantes que j’expose ici parce qu’elles présentent un intérêt général ; - les aussières de postes avaient été frappées sur les crocs de remorque à échappement manœuvrables de l’intérieur du sous-marin. Nous n’avions donc aucun homme exposé sur le pont au tir de l’ennemi.
Aussitôt largué, j’ordonne "en avant 4". Le commandant de la VENUS m’interpelle : "Commandant, je suis déjà en avant, laissez-moi passer".
Il était convenu entre nous que le premier paré foncerait sur la panne du MOURILLON pour la briser. Depuis longtemps nous n’avions pas confiance dans l’ouverture rapide de cette panne. J’ai bien souvent demandé qu’elle restât ouverte toute la nuit.
Je suis la VENUS et la dépasse par Bâbord, car son commandant m’apprend qu’il est engagé dans la panne. Je me dirige à bonne allure vers la sortie de la rade pour en faire ouvrir les barrages.
VENUS se dégage et suit. DIAMANT * suit. MARSOUIN suit.
* (1) DIAMANT : Son commandant prendra finalement la décision de sabordage à son poste d’amarrage.
* (2) Ordre d’appareillage du MOURILLON : VENUS - CASABIANCA - MARSOUIN - IRIS - LE GLORIEUX -
Passage à la grande passe : CASABIANCA - VENUS - MARSOUIN - IRIS - LE GLORIEUX -
 
2- TRAVERSEE
Pendant notre traversée de la rade, de nombreux avions allemands survolent le plan d’eau et lancent des chenilles éclairantes. On voit comme en plein jour. La DCA allume tous ses projecteurs, éclaire des avions ? Des avions ainsi éclairés allument leurs feux de route. Les projecteurs s’éteignent. Pas de réaction de la DCA ?
3- D’autres avions qui ont aperçu les sous-marins se dirigeant vers la sortie, piquent feux masqués et lâchent des mines magnétiques et des bombes sur notre chemin.
Aucune réaction de la DCA contre ces avions ce qui fait penser que les différents postes avaient déjà été occupés par les Allemands car il ne pouvait subsister aucun doute sur leurs intentions.
Arrivés aux passes nous hélons le remorqueur. Celui-ci veut des ordres supérieurs pour ouvrir. Le lieutenant de vaisseau BELLET, officier en second est sur l’avant avec un révolver convaincant.
Mais, au moment où l’étrave sur le barrage, nous allions décider le remorqueur par la force, une bombe ou une mine lâchée par un avion allemand tombe et explose très près du torpilleur de grand’garde LE MARS amarré à SAINT MANDRIER à 300 m de nous. Le patron du remorqueur comprend, commence à ouvrir, siffle son collègue des estacades pour lui faire ouvrir celles-ci.
Je me faufile.
Nous entendons et apercevons de nombreux avions allemands. 3 avions piquent vers nous. Ils lâchent leurs mines magnétiques très près de nous. Je mets en avant toute et serre de très près la jetée sud pour s’éloigner des points de chute. Je plonge à toucher la jetée car d’autres avions s’approchent et lancent des chenilles éclairantes qui leur permet de voir tout bâtiment de surface.
5- De nombreuses explosions sont entendues en plongée (voir exposé chronologique) l’une d’entre elle plus rapprochée fait déclencher le compas, stoppe un ventilateur et crée des fuites aux tuyautages intérieurs de gas-oil. Je regagne à l’estime la haute mer.
Le jour se lève et je continue à 40 m d’immersion vers le sud en reprenant la vue toutes les heures aux vacations.
Sur TOULON de grands panaches de fumée s’élèvent. La flotte allume-t-elle, est-elle bombardée ou se saborde-t-elle ? Je penses à ces trois éventualités et je décide de croiser pendant 24 h devant TOULON pour tenter de torpiller tout bâtiment italien ou allemand se présentant devant TOULON.
En surface de nuit, j’attends l’ordre de combattre, faute duquel j’aurai la certitude de devoir rallier sans retard l’Afrique du Nord.
7- A 2 h le 28, je décide de rallier l’Algérie. On ne parlait en France que de la démolition d’Alger et d’Oran. Ces ports étaient devenus inhabitables et déserts.
Je décide de rallier MOSTAGANEM d’où j’aurais alerté COMAR ORAN en lui demandant des ordres et en lui signalant mes besoins.
A 7 h le 29 nous avons déchiffré le message du MARSOUIN reçu à 22 h 54 le 28.
Après plus ample réflexion, je rallie Alger où je suis assuré de pouvoir me mettre sans retard aux ordres de l’Amiral de la Flotte.
8- J’essayais sans succès dans la journée du 29, puis dans la nuit d’annoncer mon arrivée à Alger dans la matinée du 30. (Avarie du poste émetteur).
 
A 25 milles de MATIFOU, je plonge le 30 à 2 h du matin, car la lune rend la nuit très claire dans une région où peuvent nous atteindre les sous-marins de l’axe.
A 6 h 15 je fais surface et hisse pour éviter toute méprise un grand pavillon français à la hune télescopique de vigie hissée à bloc transformée en mât de signaux
Je suis alors pris en charge par un chalutier et un dragueur anglais.
Le Capitaine de corvette Jean L’HERMINIER Commandant le sous-marin "CASABIANCA" signé L’HERMINIER



RAPPORT D’OPERATION
Chapitre M
En ces jours difficiles, l’attitude de tous a été celle que j’attendais : disciplinée et fanatique, avide d’en découdre, l’État major et l’équipage constitue un bloc parfaitement soudé digne d’une mission périlleuse.
L’inaction ou la patrouille anodine me paraissent de nature à décevoir sévèrement le personnel qui ne demande qu’à participer de façon collective à toute opération réputée dangereuse.



Chronologique des évènements de la sortie de TOULON à 1 H 55 le 28 novembre
05 h 05 - Alerte - Rappelé aux postes de manœuvre.
05 h 10 - Entendu rafales de mitrailleuses du côté de la porte Bazeilles. Largué de l’intérieur les aussières par les crocs de remorque La VENUS amarré à tribord du CASABIANCA appareille et rompt la panne du MOURILLON, elle engage son arrière dans un fil d’acier et entraîne derrière elle 3 ou 4 tronçons de la panne.
05 h 15 - Le CASABIANCA appareille dépasse la VENUS dans la passe du MOURILLON en la laissant par tribord. Le CASABIANCA fait route en avant 4 (10 nœuds) vers la sortie de la rade.
05 h 20 - 2 avions survolent la rade et allument leurs feux de route après avoir été repérés par les projecteurs. Ils éclairent la rade au moyen de fusées éclairantes à chenilles.
05 h 25 - Le CASABIANCA suivi par la VENUS, LE DIAMANT * et le MARSOUIN se présentent devant les passes. Le patron du remorqueur refuse d’ouvrir le barrage sans ordres supérieurs. Un avion se présente au-dessus des SABLETTES et lance une bombe ou mine qui explose à 300 m environ dans le gisement 120 du CASABIANCA. Les remorqueurs ouvrent le barrage. Le premier remorqueur engage son hélice et laisse le premier barrage incomplètement ouvert.
05 h 30 - Franchi la passe de TOULON. 3 avions survolent le CASABIANCA à 100 mètres d’altitude et lancent trois mines magnétiques au gisement 300 et à 200 mètres environ.
05 h 50 - Route au 130. 05 h 55 - Route au 180.
06 h 01 - 2 explosions plus rapprochées à bâbord. Le compas gyroscopique décroche. Le ventilateur stoppe ; les joints de pétrole sur la boîte égyptienne bâbord sont ébranlés et fuient légèrement.
06 h 12 - L’écouteur au G16 entend 4 explosions lointaines.

06 h 30 - 2 explosions à bâbord. Etc. Voir routes.
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Message  Admin$glorieux$ Sam 8 Nov - 22:26

Admin$glorieux$ a écrit:
Rencontre entre l’Amicale « Millé » et l’Amicale « Le Glorieux »
Le jeudi 6 Novembre 2014 une délégation de l’amicale « le Glorieux », composée du webmaster André Aymard, du secrétaire Christian Lemesle  accompagné de son épouse et du  président Joël Piersiela,  s’est rendue à Saint Quay-Portrieux, répondant à l’invitation du président de l’amicale « Millé » Guy Eouzan et de son équipe. Le motif de ce déplacement étant de rencontrer un homme d’exception, le QM mécanicien Jean Bohec, âgé de 92 ans, adhérent de l’amicale « Millé ». Jean étant l’un des derniers rescapés  ayant participé à l’évasion du sous-marin « Le Glorieux » lors du sabordage de la flotte à Toulon le 27 novembre 1942. Pour mémoire il s’est échappé avec 4 autres sous-marins le Casabianca, le Marsouin, l’Iris et la Vénus (voir annexe 1 ou consulter le site du Rubis).
Accueil à la maison de retraite en présence de son fils et de sa fille, entretien sous forme de questions –réponses avec l’intéressé. Il nous raconte avec passion, humilité et surtout avec beaucoup d’émotion, la période de sa jeunesse de l’âge de 15 ans jusqu’à ses 24 ans où il est obligé malheureusement, d’abandonner la vie de sous-marinier suite à un incident dans le local batteries, qui le rendra inapte sous-marin. Ne souhaitant pas continuer sa carrière en surface il quitte alors la marine. Cela ne l’empêchera pas de rebondir et  de poursuivre une deuxième carrière dans la Gendarmerie Nationale en tant que Garde Républicain.
Pour nous, qui n’avons pas  vécu cette terrible période de la guerre 39-45, ce retour dans l’histoire fut très instructif et  enrichissant sur le plan humain. Nous sommes surtout admiratifs vis à vis de Jean qui en tant que quartier maitre mécanicien est titulaire de la médaille militaire, de  l’ordre national du mérite, de la médaille des évadés, de la médaille des combattants volontaires et de la médaille du combattant. Il ne lui manque plus qu’à recevoir la légion d’honneur, à laquelle il postule, et qui tarde à venir. Pour lui ce serait le couronnement d’une vie exemplaire au service de la nation. Modestement, en signe de reconnaissance, nous lui avons remis le livre d’or de notre Amicale Sous-marin «Le Glorieux». Nous avons quitté Jean et sa famille en fin d’après-midi, heureux de cette initiative, qui nous l’avons vu dans ses yeux lui a fait un grand plaisir.
Un grand merci à toute l’équipe de l’amicale Millé, à l’origine de cette rencontre, qui nous a accueillis chaleureusement.
Ce sont des initiatives de ce genre favorisant les rencontres entre amicales qui donnent un vrai sens à notre association de l’AGASM.
Signé : Les membres de l’Amicale Le Glorieux en visite à St Quay-Portrieux
ANNEXE 1
Document figurant sur le site de l'Amicale « Rubis »
La flotte sous marine à TOULON de 1942 à 1945
L’évasion des cinq sous marins
lundi 14 janvier 2013, par Christian LECALARD
 Position des sous-marins en novembre 1942 :  
 
Le 9 novembre 1942, après l’annonce du débarquement allié en Afrique du Nord, la Commission Italienne d’Armistice autorise le réarmement des sous-marins qui ne sont pas en grand carénage ou en démontage, dans le but de défendre les côtes françaises contre une invasion alliée. 
 
Sont réarmés les sous marins suivants :
 - CASABIANCA – IRIS – NAIADE – REDOUTABLE – VENUS – DIAMANT – GLORIEUX – THETIS -  
L’autorisation de la C.I.A permet de récupérer le panneau du kiosque, les périscopes, les soupapes de lancement.
 
 Tous les moyens sont bons pour les équipages de falsifier les niveaux de combustibles.
 A partir du 19 novembre, les rumeurs d’invasion de la zone libre circulant, les ordres de préparation au sabordage sont donnés aux chefs de groupes. Les commandants de certains sous-marins réarmés, préfèrent s’organiser entre eux pour appareiller plutôt que couler leur bâtiment. Tous adoptent un amarrage de leur bâtiment cap à l’ouest et conservent les officiers et les 2/3 de l’équipage à bord, en permanence. 
 
Le 27 novembre 1942 à 4 h 30 les avions allemands larguent des mines dans les passes. A 4 h 50 la porte nord du Morillon est enfoncée et les fusillades éclatent.
 
Les sous-marins appareillent entre 5 h et 5 h 15 dans l’ordre : 
 
 VENUSavec 7 hommes à bord dans l’incapacité de plonger se sabordera à la hauteur de CEPET
CASABIANCAqui ralliera ALGER et reprendra le combat avec les alliés
IRISsous le commandement de l’officier en second ralliera l’ESPAGNE où il sera interné à BARCELONE pour la durée du conflit.
MARSOUINqui ralliera ALGER et reprendra le combat avec les alliés.
GLORIEUXaprès une courte escale à VALENCE, ralliera ORAN et reprendra le combat avec les alliés.
 

 
Se sont immergés à leur poste d’amarrage :
Darse nord du Mourillon : Poste 9 POINCARE – Poste 10 REDOUTABLE – Poste 11 PASCAL – Poste 7 DIAMANT -
Bassins VAUBAN : Bassin 2 AURORE – Bassin 3 ACHERON -
Bassins MISSIESSY  : ESPOIR – EURYDICE – GALATEE – VENGEUR
Centre de MISSIESSY : CAIMAN – FRESNEL – NAIADE – THETIS – SIRENE –
Position des sous-marins le 27 novembre 1942 


RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Mouril11


1) MARSOUIN - 2) CASABIANCA - 3) VENUS - 4) GLORIEUX -  5) IRIS -
 
 

Plaque installée sur la façade de l’ancienne caserne des équipages de sous marins au Mourillon sur le site de la DDE (Direction départementale de l’équipement)


RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Sony0010



RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Evasio10



Route suivie par les sous-marins en rade de TOULON
 
 


 
Rapport d’opération du Capitaine de corvette Jean L’HERMINIER

RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Clip_image001  27 novembre 1942 - Evasion du sous-marin Casabianca



dimanche 17 mars 2013, par Christian LECALARD
Le Capitaine de corvette Jean L’HERMINIER, commandant le sous-marin CASABIANCA, avait fait un rapport de mission sur les évènements précurseurs à l’invasion de TOULON, et les conditions de son appareillage le 27 novembre 1942. Ce rapport avait été diffusé aux Commandants des sous-marins basés en AOF dont l’ATALANTE, commandé par le Lieutenant de vaisseau GUILLON.

Ce document nous a été aimablement communiqué par Monsieur Arnaud GUILLON, petit fils du Commandant de l’ATALANTE.


RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Aquare10



ALGER, le 3 décembre 1942
Sous-marin "Casabianca" Commandé
par le CC L’HERMINIER

RAPPORT D’OPERATION



O B J E T : Sortie de TOULON du sous-marin "CASABIANCA" et traversée de TOULON à ALGER
 
Copie du document original
------------------------
Chapitre A :
Situation générale de TOULON avant l’agression allemande :
1- La nouvelle de l’agression américaine contre le MAROC et l’ALGERIE parvenue aux autorités allemandes, celle-ci entreprennent aussitôt l’occupation de la côte française de la MEDITERRANEE.
Le 12 novembre, les Allemands et les Italiens occupent la côte ; mais s’arrêtent à l’ouest de TOULON à la côte du CAMP, à l’est à SOLLIES PONT.
Par délégation du gouvernement de VICHY, le Vice-amiral MARQUIS Préfet maritime de la 3ème Région, doit négocier avec les autorités allemandes en ce qui concerne la défense de TOULON et de ses environs.
Il est entendu que la région toulonnaise sera défendue par les Français ; des renforts de l’armée seront mis aux ordres du Préfet maritime de la 3ème région pour ce faire.
Les Allemands s’arrêtent d’abord aux précités.
L’Armée française d’Armistice afflue par la route et chemin de fer.
Les premiers contingents prennent place. Les officiers, sur réquisition logent chez l’habitant.
2- L’envahissement de la zone libre n’étonne plus personne ; mais l’arrivée des troupes françaises rassure un moment la population de TOULON et la MARINE sur l’éventualité d’une occupation de l’Axe.
La lettre du Chancelier au Maréchal PETAIN convainc peu de gens. Certains optimistes la prennent comme un aveu de faiblesse du Chancelier. D’autres comme un essai habile de collaboration totale française.
La germanophobie n’a pourtant cessé de croître.
3- Dans l’Armée et la Marine une violente révolte naît dans les esprits, à l’idée de partager le sort des armes allemandes.
Mais l’activité du réarmement sur les bateaux, les manœuvres des troupes redonnent pour un moment une fièvre à tous. On espère combattre et défendre une partie du sol français. Les armes sont légères aux mains des hommes.
L’Armée a une très belle allure, la Marine est gonflée ; les records sont battus par tous dans le réarmement des navires.
4- Mais, les nouvelles d’AOF, le manque de confiance, non point dans la loyauté des troupes, mais dans leur désir de se battre côte à côte avec eux, fait prendre aux Allemands la décision de retirer l’Armée de TOULON et de disperser dans les régions différentes de la France non occupée.
L’exécution de ce retrait commencé le 19 remplit tous les esprits d’angoisse.
5- Les Allemands enserrent TOULON. Le camp retranché est de nouveau défini et réduit par les Allemands (limite W : LE BRUSC ; limite E LA VALETTE). Ils sont à OLLIOULES, SIX-FOURS, etc ...
Les Allemands décident que ce camp retranché sera défendu par la Marine Française seule.
Celle-ci met sur pied aussitôt un plan de défense. Elle crée des bataillons et des compagnies de marins pris sur les bâtiments de l’escadre, dans les centres, les dépôts etc... Elle articule le Commandement.
Mais cette troupe composée de marins de différents bâtiments, mal formée à son nouveau métier ne pourra obtenir la cohésion et l’esprit de corps nécessaire tout de suite.
On ne peut improviser ainsi.
C’est pourtant ce que les Allemands imposent aux Autorités locales : par leur brusque changement de décision, manœuvre de la dernière minute, déloyale et voulue par eux.
6- SITUATION DES BATIMENTS
Beaucoup de navires sont donc privés d’équipages complets.
Les bâtiments armés, à ma connaissance sont les uns à 3 heures d’appareillage, les autres à 6 heures.
3 sous-marins sont armés : CASABIANCA, DIAMANT, MARSOUIN sont à 90 minutes.
La dépense de mazout correspondant à la situation à 3 heures d’appareillage fait renoncer à cette mesure.
A la veille de l’agression, les bâtiments de surface étaient tous rétablis dans la situation à 6 heures.
7- ORDRE DE SABORDEMENT
Dès le retrait des troupes de l’Armée française de la région Toulonnaise le sabordement des bateaux est envisagé. Des ordres très détaillés et étudiés des Forces de Haute Mer fixent les opérations à effectuer pour rendre les bâtiments complètement inutilisables (coque, artillerie, optique, chavirement des bâtiments).
Les sous-marins reçoivent aussi des ordres d’abord d’immersion pure et simple sur place, puis de destruction par grenades et pétards.
Pendant les 8 jours qui ont précédé l’agression les ordres ont été constamment changés. Immersion pure et simple des bâtiments sans chavirement ou destruction complète selon (je suppose) l’impression des autorités locales sur la valeur de la sincérité allemande au sujet du respect de la Flotte.
Ces journées ont été remplies d’une angoisse affreuse pour toute la Marine embarquée.
8- Les 11 novembre, les commandants recoivent l’ordre d’annoncer à leurs équipages qu’il faut se préparer à saborder leur bâtiment sur ordre.
Plusieurs incidents eurent lieu sur différents bâtiments. A cette annonce de nombreux marins se refusant à admettre de détruire leur bâtiment ou de le quitter ;
Sur mon bateau, prêt à toute mission, la gorge serrée, j’ai appris la nouvelle à mon équipage, tout en leur disant que j’espérais encore recevoir l’ordre d’agir, d’appareiller ou d’exécuter une mission d’attaque contre tout agresseur.
Le plus ancien de mes quartier-maitres est venu avec tout le respect et la ferveur qui animait mon équipage, m’exprimer le vœu de ses camarades de ne pas saborder leur "CASABIANCA".
Pour cacher mon émotion, je leur ai rétorqué qu’ils n’auraient qu’à exécuter mes ordres comme d’habitude et qu’il n’y avait rien de perdu.
Les marins français voulaient se battre. Ils avaient suffisamment d’exemples à suivre.
9- REGIME DES PERMISSIONNAIRES
Après avoir conservé pendant 3 jours le régime DANGER (tout le monde à bord) les hommes mariés puis non mariés et de bonne conduite furent envoyés sur ordre quotidien par quart à terre de midi à 18 h 30. Les derniers jours, les hommes mariés obtinrent ma faveur de passer une nuit à terre tous les 8 jours.
Dès les premières sorties à terre quelques manifestations eurent lieu à la rentrée des permissionnaires. A une rentrée de permissionnaires sur le quai Cronstadt des cris furent poussés : "VIVE DARLAN, A BAS LES BOCHES".
Dans les courtes minutes passées à terre, j’ai eu une mauvaise impression de la tenue de certains matelots. Les esprits étaient très troublés et la tenue s’en ressentait.
10- Bref, tous se sentaient instinctivement enserrés dans le dispositif allemand.
11- En ce qui concerne les sous-marins, nous ne cessions de penser au sabordage inutile et pratiquement impossible dans la darse envasée du MOURILLON.
Plusieurs d’entre nous s’amarraient l’AR à quai pour pouvoir appareiller plus facilement, avec encore l’intention de nous couler par fonds de 300 m intention qu’aucun d’entre nous n’a voulu mettre à exécution une fois sorti des passes et après avoir échappé à la contrainte allemande.
 
CONCLUSION :
L’accord conclu en Afrique du Nord avec les armées alliées a renforcé la conviction à peu près générale que le salut du pays ne viendra que d’une action exclusive de toute collaboration franco-allemande. Cet accord a fait naître chez beaucoup l’espoir de voir grandir en Afrique, l’Armée de la libération, solidement équipée qui lavera l’affront de la débâcle de 1940.
A ce titre l’action personnelle de l’Amiral DARLAN que les journaux ont annoncé d’ailleurs sans commentaires a peu à peu éclairé les esprits sur la nécessité de grouper les énergies françaises en échappant à tout contrôle allemand.
Le grand public resté foncièrement germanophobe et ouvertement favorable à toute action diplomatique ou militaire faisant pièce au Reich, a vu ainsi se renforcer l’autorité et le prestige de l’Amiral de la flotte qui s’est placé à la tête d’un mouvement dont la popularité est indéniable.



CHAPITRE C
P.J. Chronologique des évènements pendant la sortie de TOULON
1- ALERTE - MANOEUVRE DE SORTIE DU CASABIANCA
A 5 h du matin le 27 novembre un long coup de klaxon (convention du bord) donné par le veilleur de passerelle, nous avertit de mettre immédiatement au poste de manœuvre.
Le quartier maître torpilleur LIONNAIS, de veille, observe un remue-ménage sur le quai et entend crier : "LES BOCHES ARRIVENT".
Tous sont sur pied aussitôt. On entend un tir de mitrailleuse proche.
Le Capitaine de frégate BARY commandant le GSMR est sur le quai et nous dit d’être prêt à appareiller.
J’ordonne : "LARGUEZ".
Cette manœuvre s’effectue aussitôt. Nous avions pris la veille les dispositions suivantes que j’expose ici parce qu’elles présentent un intérêt général ; - les aussières de postes avaient été frappées sur les crocs de remorque à échappement manœuvrables de l’intérieur du sous-marin. Nous n’avions donc aucun homme exposé sur le pont au tir de l’ennemi.
Aussitôt largué, j’ordonne "en avant 4". Le commandant de la VENUS m’interpelle : "Commandant, je suis déjà en avant, laissez-moi passer".
Il était convenu entre nous que le premier paré foncerait sur la panne du MOURILLON pour la briser. Depuis longtemps nous n’avions pas confiance dans l’ouverture rapide de cette panne. J’ai bien souvent demandé qu’elle restât ouverte toute la nuit.
Je suis la VENUS et la dépasse par Bâbord, car son commandant m’apprend qu’il est engagé dans la panne. Je me dirige à bonne allure vers la sortie de la rade pour en faire ouvrir les barrages.
VENUS se dégage et suit. DIAMANT * suit. MARSOUIN suit.
* (1) DIAMANT : Son commandant prendra finalement la décision de sabordage à son poste d’amarrage.
* (2) Ordre d’appareillage du MOURILLON : VENUS - CASABIANCA - MARSOUIN - IRIS - LE GLORIEUX -
Passage à la grande passe : CASABIANCA - VENUS - MARSOUIN - IRIS - LE GLORIEUX -
 
2- TRAVERSEE
Pendant notre traversée de la rade, de nombreux avions allemands survolent le plan d’eau et lancent des chenilles éclairantes. On voit comme en plein jour. La DCA allume tous ses projecteurs, éclaire des avions ? Des avions ainsi éclairés allument leurs feux de route. Les projecteurs s’éteignent. Pas de réaction de la DCA ?
3- D’autres avions qui ont aperçu les sous-marins se dirigeant vers la sortie, piquent feux masqués et lâchent des mines magnétiques et des bombes sur notre chemin.
Aucune réaction de la DCA contre ces avions ce qui fait penser que les différents postes avaient déjà été occupés par les Allemands car il ne pouvait subsister aucun doute sur leurs intentions.
Arrivés aux passes nous hélons le remorqueur. Celui-ci veut des ordres supérieurs pour ouvrir. Le lieutenant de vaisseau BELLET, officier en second est sur l’avant avec un révolver convaincant.
Mais, au moment où l’étrave sur le barrage, nous allions décider le remorqueur par la force, une bombe ou une mine lâchée par un avion allemand tombe et explose très près du torpilleur de grand’garde LE MARS amarré à SAINT MANDRIER à 300 m de nous. Le patron du remorqueur comprend, commence à ouvrir, siffle son collègue des estacades pour lui faire ouvrir celles-ci.
Je me faufile.
Nous entendons et apercevons de nombreux avions allemands. 3 avions piquent vers nous. Ils lâchent leurs mines magnétiques très près de nous. Je mets en avant toute et serre de très près la jetée sud pour s’éloigner des points de chute. Je plonge à toucher la jetée car d’autres avions s’approchent et lancent des chenilles éclairantes qui leur permet de voir tout bâtiment de surface.
5- De nombreuses explosions sont entendues en plongée (voir exposé chronologique) l’une d’entre elle plus rapprochée fait déclencher le compas, stoppe un ventilateur et crée des fuites aux tuyautages intérieurs de gas-oil. Je regagne à l’estime la haute mer.
Le jour se lève et je continue à 40 m d’immersion vers le sud en reprenant la vue toutes les heures aux vacations.
Sur TOULON de grands panaches de fumée s’élèvent. La flotte allume-t-elle, est-elle bombardée ou se saborde-t-elle ? Je penses à ces trois éventualités et je décide de croiser pendant 24 h devant TOULON pour tenter de torpiller tout bâtiment italien ou allemand se présentant devant TOULON.
En surface de nuit, j’attends l’ordre de combattre, faute duquel j’aurai la certitude de devoir rallier sans retard l’Afrique du Nord.
7- A 2 h le 28, je décide de rallier l’Algérie. On ne parlait en France que de la démolition d’Alger et d’Oran. Ces ports étaient devenus inhabitables et déserts.
Je décide de rallier MOSTAGANEM d’où j’aurais alerté COMAR ORAN en lui demandant des ordres et en lui signalant mes besoins.
A 7 h le 29 nous avons déchiffré le message du MARSOUIN reçu à 22 h 54 le 28.
Après plus ample réflexion, je rallie Alger où je suis assuré de pouvoir me mettre sans retard aux ordres de l’Amiral de la Flotte.
8- J’essayais sans succès dans la journée du 29, puis dans la nuit d’annoncer mon arrivée à Alger dans la matinée du 30. (Avarie du poste émetteur).
 
A 25 milles de MATIFOU, je plonge le 30 à 2 h du matin, car la lune rend la nuit très claire dans une région où peuvent nous atteindre les sous-marins de l’axe.
A 6 h 15 je fais surface et hisse pour éviter toute méprise un grand pavillon français à la hune télescopique de vigie hissée à bloc transformée en mât de signaux
Je suis alors pris en charge par un chalutier et un dragueur anglais.
Le Capitaine de corvette Jean L’HERMINIER Commandant le sous-marin "CASABIANCA" signé L’HERMINIER



RAPPORT D’OPERATION
Chapitre M
En ces jours difficiles, l’attitude de tous a été celle que j’attendais : disciplinée et fanatique, avide d’en découdre, l’État major et l’équipage constitue un bloc parfaitement soudé digne d’une mission périlleuse.
L’inaction ou la patrouille anodine me paraissent de nature à décevoir sévèrement le personnel qui ne demande qu’à participer de façon collective à toute opération réputée dangereuse.



Chronologique des évènements de la sortie de TOULON à 1 H 55 le 28 novembre
05 h 05 - Alerte - Rappelé aux postes de manœuvre.
05 h 10 - Entendu rafales de mitrailleuses du côté de la porte Bazeilles. Largué de l’intérieur les aussières par les crocs de remorque La VENUS amarré à tribord du CASABIANCA appareille et rompt la panne du MOURILLON, elle engage son arrière dans un fil d’acier et entraîne derrière elle 3 ou 4 tronçons de la panne.
05 h 15 - Le CASABIANCA appareille dépasse la VENUS dans la passe du MOURILLON en la laissant par tribord. Le CASABIANCA fait route en avant 4 (10 nœuds) vers la sortie de la rade.
05 h 20 - 2 avions survolent la rade et allument leurs feux de route après avoir été repérés par les projecteurs. Ils éclairent la rade au moyen de fusées éclairantes à chenilles.
05 h 25 - Le CASABIANCA suivi par la VENUS, LE DIAMANT * et le MARSOUIN se présentent devant les passes. Le patron du remorqueur refuse d’ouvrir le barrage sans ordres supérieurs. Un avion se présente au-dessus des SABLETTES et lance une bombe ou mine qui explose à 300 m environ dans le gisement 120 du CASABIANCA. Les remorqueurs ouvrent le barrage. Le premier remorqueur engage son hélice et laisse le premier barrage incomplètement ouvert.
05 h 30 - Franchi la passe de TOULON. 3 avions survolent le CASABIANCA à 100 mètres d’altitude et lancent trois mines magnétiques au gisement 300 et à 200 mètres environ.
05 h 50 - Route au 130. 05 h 55 - Route au 180.
06 h 01 - 2 explosions plus rapprochées à bâbord. Le compas gyroscopique décroche. Le ventilateur stoppe ; les joints de pétrole sur la boîte égyptienne bâbord sont ébranlés et fuient légèrement.
06 h 12 - L’écouteur au G16 entend 4 explosions lointaines.

06 h 30 - 2 explosions à bâbord. Etc. Voir routes.
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Message  Admin$glorieux$ Sam 8 Nov - 22:23

Le 06 novembre, à l’invitation de Guy EOUZAN, président de l’Amicale Millé, nous nous sommes rendu à St QUAY-PORTRIEUX à la rencontre de Jean BOHEC un ancien du Glorieux qui s'est évadé de Toulon le 27 novembre 1942 avec 3 autres sous-marins.

Rencontre entre l’Amicale « Millé » et l’Amicale « Le Glorieux »
Le jeudi 6 Novembre 2014 une délégation de l’amicale « le Glorieux », composée du webmaster André Aymard, du secrétaire Christian Lemesle  accompagné de son épouse et du  président Joël Piersiela,  s’est rendue à Saint Quay-Portrieux, répondant à l’invitation du président de l’amicale « Millé » Guy Eouzan et de son équipe. Le motif de ce déplacement étant de rencontrer un homme d’exception, le QM mécanicien Jean Bohec, âgé de 92 ans, adhérent de l’amicale « Millé ». Jean étant l’un des derniers rescapés  ayant participé à l’évasion du sous-marin « Le Glorieux » lors du sabordage de la flotte à Toulon le 27 novembre 1942. Pour mémoire il s’est échappé avec 4 autres sous-marins le Casabianca, le Marsouin, l’Iris et la Vénus (voir annexe 1 ou consulter le site du Rubis).
Accueil à la maison de retraite en présence de son fils et de sa fille, entretien sous forme de questions –réponses avec l’intéressé. Il nous raconte avec passion, humilité et surtout avec beaucoup d’émotion, la période de sa jeunesse de l’âge de 15 ans jusqu’à ses 24 ans où il est obligé malheureusement, d’abandonner la vie de sous-marinier suite à un incident dans le local batteries, qui le rendra inapte sous-marin. Ne souhaitant pas continuer sa carrière en surface il quitte alors la marine. Cela ne l’empêchera pas de rebondir et  de poursuivre une deuxième carrière dans la Gendarmerie Nationale en tant que Garde Républicain.
Pour nous, qui n’avons pas  vécu cette terrible période de la guerre 39-45, ce retour dans l’histoire fut très instructif et  enrichissant sur le plan humain. Nous sommes surtout admiratifs vis à vis de Jean qui en tant que quartier maitre mécanicien est titulaire de la médaille militaire, de  l’ordre national du mérite, de la médaille des évadés, de la médaille des combattants volontaires et de la médaille du combattant. Il ne lui manque plus qu’à recevoir la légion d’honneur, à laquelle il postule, et qui tarde à venir. Pour lui ce serait le couronnement d’une vie exemplaire au service de la nation. Modestement, en signe de reconnaissance, nous lui avons remis le livre d’or de notre Amicale Sous-marin «Le Glorieux». Nous avons quitté Jean et sa famille en fin d’après-midi, heureux de cette initiative, qui nous l’avons vu dans ses yeux lui a fait un grand plaisir.
Un grand merci à toute l’équipe de l’amicale Millé, à l’origine de cette rencontre, qui nous a accueillis chaleureusement.
Ce sont des initiatives de ce genre favorisant les rencontres entre amicales qui donnent un vrai sens à notre association de l’AGASM.
Signé : Les membres de l’Amicale Le Glorieux en visite à St Quay-Portrieux

ANNEXE 1
Document figurant sur le site de l'Amicale « Rubis »
La flotte sous marine à TOULON de 1942 à 1945
L’évasion des cinq sous marins
lundi 14 janvier 2013, par Christian LECALARD
 Position des sous-marins en novembre 1942 :  
 
Le 9 novembre 1942, après l’annonce du débarquement allié en Afrique du Nord, la Commission Italienne d’Armistice autorise le réarmement des sous-marins qui ne sont pas en grand carénage ou en démontage, dans le but de défendre les côtes françaises contre une invasion alliée. 
 
Sont réarmés les sous marins suivants :
 - CASABIANCA – IRIS – NAIADE – REDOUTABLE – VENUS – DIAMANT – GLORIEUX – THETIS -  
L’autorisation de la C.I.A permet de récupérer le panneau du kiosque, les périscopes, les soupapes de lancement.
 
 Tous les moyens sont bons pour les équipages de falsifier les niveaux de combustibles.
 A partir du 19 novembre, les rumeurs d’invasion de la zone libre circulant, les ordres de préparation au sabordage sont donnés aux chefs de groupes. Les commandants de certains sous-marins réarmés, préfèrent s’organiser entre eux pour appareiller plutôt que couler leur bâtiment. Tous adoptent un amarrage de leur bâtiment cap à l’ouest et conservent les officiers et les 2/3 de l’équipage à bord, en permanence. 
 
Le 27 novembre 1942 à 4 h 30 les avions allemands larguent des mines dans les passes. A 4 h 50 la porte nord du Morillon est enfoncée et les fusillades éclatent.
 
Les sous-marins appareillent entre 5 h et 5 h 15 dans l’ordre : 
 
 VENUSavec 7 hommes à bord dans l’incapacité de plonger se sabordera à la hauteur de CEPET
CASABIANCAqui ralliera ALGER et reprendra le combat avec les alliés
IRISsous le commandement de l’officier en second ralliera l’ESPAGNE où il sera interné à BARCELONE pour la durée du conflit.
MARSOUINqui ralliera ALGER et reprendra le combat avec les alliés.
GLORIEUXaprès une courte escale à VALENCE, ralliera ORAN et reprendra le combat avec les alliés.
 

 
Se sont immergés à leur poste d’amarrage :
Darse nord du Mourillon : Poste 9 POINCARE – Poste 10 REDOUTABLE – Poste 11 PASCAL – Poste 7 DIAMANT -
Bassins VAUBAN : Bassin 2 AURORE – Bassin 3 ACHERON -
Bassins MISSIESSY  : ESPOIR – EURYDICE – GALATEE – VENGEUR
Centre de MISSIESSY : CAIMAN – FRESNEL – NAIADE – THETIS – SIRENE –
Position des sous-marins le 27 novembre 1942 


RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Mouril11


1) MARSOUIN - 2) CASABIANCA - 3) VENUS - 4) GLORIEUX -  5) IRIS -
 
 

Plaque installée sur la façade de l’ancienne caserne des équipages de sous marins au Mourillon sur le site de la DDE (Direction départementale de l’équipement)


RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Sony0010



RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Evasio10



Route suivie par les sous-marins en rade de TOULON
 
 


 
Rapport d’opération du Capitaine de corvette Jean L’HERMINIER

RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Clip_image001  27 novembre 1942 - Evasion du sous-marin Casabianca

dimanche 17 mars 2013, par Christian LECALARD
Le Capitaine de corvette Jean L’HERMINIER, commandant le sous-marin CASABIANCA, avait fait un rapport de mission sur les évènements précurseurs à l’invasion de TOULON, et les conditions de son appareillage le 27 novembre 1942. Ce rapport avait été diffusé aux Commandants des sous-marins basés en AOF dont l’ATALANTE, commandé par le Lieutenant de vaisseau GUILLON.

Ce document nous a été aimablement communiqué par Monsieur Arnaud GUILLON, petit fils du Commandant de l’ATALANTE.


RENCONTRE AVEC JEAN BOHEC Aquare10



ALGER, le 3 décembre 1942
Sous-marin "Casabianca" Commandé
par le CC L’HERMINIER

RAPPORT D’OPERATION

O B J E T : Sortie de TOULON du sous-marin "CASABIANCA" et traversée de TOULON à ALGER
 
Copie du document original
------------------------
Chapitre A :
Situation générale de TOULON avant l’agression allemande :
1- La nouvelle de l’agression américaine contre le MAROC et l’ALGERIE parvenue aux autorités allemandes, celle-ci entreprennent aussitôt l’occupation de la côte française de la MEDITERRANEE.
Le 12 novembre, les Allemands et les Italiens occupent la côte ; mais s’arrêtent à l’ouest de TOULON à la côte du CAMP, à l’est à SOLLIES PONT.
Par délégation du gouvernement de VICHY, le Vice-amiral MARQUIS Préfet maritime de la 3ème Région, doit négocier avec les autorités allemandes en ce qui concerne la défense de TOULON et de ses environs.
Il est entendu que la région toulonnaise sera défendue par les Français ; des renforts de l’armée seront mis aux ordres du Préfet maritime de la 3ème région pour ce faire.
Les Allemands s’arrêtent d’abord aux précités.
L’Armée française d’Armistice afflue par la route et chemin de fer.
Les premiers contingents prennent place. Les officiers, sur réquisition logent chez l’habitant.
2- L’envahissement de la zone libre n’étonne plus personne ; mais l’arrivée des troupes françaises rassure un moment la population de TOULON et la MARINE sur l’éventualité d’une occupation de l’Axe.
La lettre du Chancelier au Maréchal PETAIN convainc peu de gens. Certains optimistes la prennent comme un aveu de faiblesse du Chancelier. D’autres comme un essai habile de collaboration totale française.
La germanophobie n’a pourtant cessé de croître.
3- Dans l’Armée et la Marine une violente révolte naît dans les esprits, à l’idée de partager le sort des armes allemandes.
Mais l’activité du réarmement sur les bateaux, les manœuvres des troupes redonnent pour un moment une fièvre à tous. On espère combattre et défendre une partie du sol français. Les armes sont légères aux mains des hommes.
L’Armée a une très belle allure, la Marine est gonflée ; les records sont battus par tous dans le réarmement des navires.
4- Mais, les nouvelles d’AOF, le manque de confiance, non point dans la loyauté des troupes, mais dans leur désir de se battre côte à côte avec eux, fait prendre aux Allemands la décision de retirer l’Armée de TOULON et de disperser dans les régions différentes de la France non occupée.
L’exécution de ce retrait commencé le 19 remplit tous les esprits d’angoisse.
5- Les Allemands enserrent TOULON. Le camp retranché est de nouveau défini et réduit par les Allemands (limite W : LE BRUSC ; limite E LA VALETTE). Ils sont à OLLIOULES, SIX-FOURS, etc ...
Les Allemands décident que ce camp retranché sera défendu par la Marine Française seule.
Celle-ci met sur pied aussitôt un plan de défense. Elle crée des bataillons et des compagnies de marins pris sur les bâtiments de l’escadre, dans les centres, les dépôts etc... Elle articule le Commandement.
Mais cette troupe composée de marins de différents bâtiments, mal formée à son nouveau métier ne pourra obtenir la cohésion et l’esprit de corps nécessaire tout de suite.
On ne peut improviser ainsi.
C’est pourtant ce que les Allemands imposent aux Autorités locales : par leur brusque changement de décision, manœuvre de la dernière minute, déloyale et voulue par eux.
6- SITUATION DES BATIMENTS
Beaucoup de navires sont donc privés d’équipages complets.
Les bâtiments armés, à ma connaissance sont les uns à 3 heures d’appareillage, les autres à 6 heures.
3 sous-marins sont armés : CASABIANCA, DIAMANT, MARSOUIN sont à 90 minutes.
La dépense de mazout correspondant à la situation à 3 heures d’appareillage fait renoncer à cette mesure.
A la veille de l’agression, les bâtiments de surface étaient tous rétablis dans la situation à 6 heures.
7- ORDRE DE SABORDEMENT
Dès le retrait des troupes de l’Armée française de la région Toulonnaise le sabordement des bateaux est envisagé. Des ordres très détaillés et étudiés des Forces de Haute Mer fixent les opérations à effectuer pour rendre les bâtiments complètement inutilisables (coque, artillerie, optique, chavirement des bâtiments).
Les sous-marins reçoivent aussi des ordres d’abord d’immersion pure et simple sur place, puis de destruction par grenades et pétards.
Pendant les 8 jours qui ont précédé l’agression les ordres ont été constamment changés. Immersion pure et simple des bâtiments sans chavirement ou destruction complète selon (je suppose) l’impression des autorités locales sur la valeur de la sincérité allemande au sujet du respect de la Flotte.
Ces journées ont été remplies d’une angoisse affreuse pour toute la Marine embarquée.
8- Les 11 novembre, les commandants recoivent l’ordre d’annoncer à leurs équipages qu’il faut se préparer à saborder leur bâtiment sur ordre.
Plusieurs incidents eurent lieu sur différents bâtiments. A cette annonce de nombreux marins se refusant à admettre de détruire leur bâtiment ou de le quitter ;
Sur mon bateau, prêt à toute mission, la gorge serrée, j’ai appris la nouvelle à mon équipage, tout en leur disant que j’espérais encore recevoir l’ordre d’agir, d’appareiller ou d’exécuter une mission d’attaque contre tout agresseur.
Le plus ancien de mes quartier-maitres est venu avec tout le respect et la ferveur qui animait mon équipage, m’exprimer le vœu de ses camarades de ne pas saborder leur "CASABIANCA".
Pour cacher mon émotion, je leur ai rétorqué qu’ils n’auraient qu’à exécuter mes ordres comme d’habitude et qu’il n’y avait rien de perdu.
Les marins français voulaient se battre. Ils avaient suffisamment d’exemples à suivre.
9- REGIME DES PERMISSIONNAIRES
Après avoir conservé pendant 3 jours le régime DANGER (tout le monde à bord) les hommes mariés puis non mariés et de bonne conduite furent envoyés sur ordre quotidien par quart à terre de midi à 18 h 30. Les derniers jours, les hommes mariés obtinrent ma faveur de passer une nuit à terre tous les 8 jours.
Dès les premières sorties à terre quelques manifestations eurent lieu à la rentrée des permissionnaires. A une rentrée de permissionnaires sur le quai Cronstadt des cris furent poussés : "VIVE DARLAN, A BAS LES BOCHES".
Dans les courtes minutes passées à terre, j’ai eu une mauvaise impression de la tenue de certains matelots. Les esprits étaient très troublés et la tenue s’en ressentait.
10- Bref, tous se sentaient instinctivement enserrés dans le dispositif allemand.
11- En ce qui concerne les sous-marins, nous ne cessions de penser au sabordage inutile et pratiquement impossible dans la darse envasée du MOURILLON.
Plusieurs d’entre nous s’amarraient l’AR à quai pour pouvoir appareiller plus facilement, avec encore l’intention de nous couler par fonds de 300 m intention qu’aucun d’entre nous n’a voulu mettre à exécution une fois sorti des passes et après avoir échappé à la contrainte allemande.
 
CONCLUSION :
L’accord conclu en Afrique du Nord avec les armées alliées a renforcé la conviction à peu près générale que le salut du pays ne viendra que d’une action exclusive de toute collaboration franco-allemande. Cet accord a fait naître chez beaucoup l’espoir de voir grandir en Afrique, l’Armée de la libération, solidement équipée qui lavera l’affront de la débâcle de 1940.
A ce titre l’action personnelle de l’Amiral DARLAN que les journaux ont annoncé d’ailleurs sans commentaires a peu à peu éclairé les esprits sur la nécessité de grouper les énergies françaises en échappant à tout contrôle allemand.
Le grand public resté foncièrement germanophobe et ouvertement favorable à toute action diplomatique ou militaire faisant pièce au Reich, a vu ainsi se renforcer l’autorité et le prestige de l’Amiral de la flotte qui s’est placé à la tête d’un mouvement dont la popularité est indéniable.



CHAPITRE C
P.J. Chronologique des évènements pendant la sortie de TOULON
1- ALERTE - MANOEUVRE DE SORTIE DU CASABIANCA
A 5 h du matin le 27 novembre un long coup de klaxon (convention du bord) donné par le veilleur de passerelle, nous avertit de mettre immédiatement au poste de manœuvre.
Le quartier maître torpilleur LIONNAIS, de veille, observe un remue-ménage sur le quai et entend crier : "LES BOCHES ARRIVENT".
Tous sont sur pied aussitôt. On entend un tir de mitrailleuse proche.
Le Capitaine de frégate BARY commandant le GSMR est sur le quai et nous dit d’être prêt à appareiller.
J’ordonne : "LARGUEZ".
Cette manœuvre s’effectue aussitôt. Nous avions pris la veille les dispositions suivantes que j’expose ici parce qu’elles présentent un intérêt général ; - les aussières de postes avaient été frappées sur les crocs de remorque à échappement manœuvrables de l’intérieur du sous-marin. Nous n’avions donc aucun homme exposé sur le pont au tir de l’ennemi.
Aussitôt largué, j’ordonne "en avant 4". Le commandant de la VENUS m’interpelle : "Commandant, je suis déjà en avant, laissez-moi passer".
Il était convenu entre nous que le premier paré foncerait sur la panne du MOURILLON pour la briser. Depuis longtemps nous n’avions pas confiance dans l’ouverture rapide de cette panne. J’ai bien souvent demandé qu’elle restât ouverte toute la nuit.
Je suis la VENUS et la dépasse par Bâbord, car son commandant m’apprend qu’il est engagé dans la panne. Je me dirige à bonne allure vers la sortie de la rade pour en faire ouvrir les barrages.
VENUS se dégage et suit. DIAMANT * suit. MARSOUIN suit.
* (1) DIAMANT : Son commandant prendra finalement la décision de sabordage à son poste d’amarrage.
* (2) Ordre d’appareillage du MOURILLON : VENUS - CASABIANCA - MARSOUIN - IRIS - LE GLORIEUX -
Passage à la grande passe : CASABIANCA - VENUS - MARSOUIN - IRIS - LE GLORIEUX -
 
2- TRAVERSEE
Pendant notre traversée de la rade, de nombreux avions allemands survolent le plan d’eau et lancent des chenilles éclairantes. On voit comme en plein jour. La DCA allume tous ses projecteurs, éclaire des avions ? Des avions ainsi éclairés allument leurs feux de route. Les projecteurs s’éteignent. Pas de réaction de la DCA ?
3- D’autres avions qui ont aperçu les sous-marins se dirigeant vers la sortie, piquent feux masqués et lâchent des mines magnétiques et des bombes sur notre chemin.
Aucune réaction de la DCA contre ces avions ce qui fait penser que les différents postes avaient déjà été occupés par les Allemands car il ne pouvait subsister aucun doute sur leurs intentions.
Arrivés aux passes nous hélons le remorqueur. Celui-ci veut des ordres supérieurs pour ouvrir. Le lieutenant de vaisseau BELLET, officier en second est sur l’avant avec un révolver convaincant.
Mais, au moment où l’étrave sur le barrage, nous allions décider le remorqueur par la force, une bombe ou une mine lâchée par un avion allemand tombe et explose très près du torpilleur de grand’garde LE MARS amarré à SAINT MANDRIER à 300 m de nous. Le patron du remorqueur comprend, commence à ouvrir, siffle son collègue des estacades pour lui faire ouvrir celles-ci.
Je me faufile.
Nous entendons et apercevons de nombreux avions allemands. 3 avions piquent vers nous. Ils lâchent leurs mines magnétiques très près de nous. Je mets en avant toute et serre de très près la jetée sud pour s’éloigner des points de chute. Je plonge à toucher la jetée car d’autres avions s’approchent et lancent des chenilles éclairantes qui leur permet de voir tout bâtiment de surface.
5- De nombreuses explosions sont entendues en plongée (voir exposé chronologique) l’une d’entre elle plus rapprochée fait déclencher le compas, stoppe un ventilateur et crée des fuites aux tuyautages intérieurs de gas-oil. Je regagne à l’estime la haute mer.
Le jour se lève et je continue à 40 m d’immersion vers le sud en reprenant la vue toutes les heures aux vacations.
Sur TOULON de grands panaches de fumée s’élèvent. La flotte allume-t-elle, est-elle bombardée ou se saborde-t-elle ? Je penses à ces trois éventualités et je décide de croiser pendant 24 h devant TOULON pour tenter de torpiller tout bâtiment italien ou allemand se présentant devant TOULON.
En surface de nuit, j’attends l’ordre de combattre, faute duquel j’aurai la certitude de devoir rallier sans retard l’Afrique du Nord.
7- A 2 h le 28, je décide de rallier l’Algérie. On ne parlait en France que de la démolition d’Alger et d’Oran. Ces ports étaient devenus inhabitables et déserts.
Je décide de rallier MOSTAGANEM d’où j’aurais alerté COMAR ORAN en lui demandant des ordres et en lui signalant mes besoins.
A 7 h le 29 nous avons déchiffré le message du MARSOUIN reçu à 22 h 54 le 28.
Après plus ample réflexion, je rallie Alger où je suis assuré de pouvoir me mettre sans retard aux ordres de l’Amiral de la Flotte.
8- J’essayais sans succès dans la journée du 29, puis dans la nuit d’annoncer mon arrivée à Alger dans la matinée du 30. (Avarie du poste émetteur).
 
A 25 milles de MATIFOU, je plonge le 30 à 2 h du matin, car la lune rend la nuit très claire dans une région où peuvent nous atteindre les sous-marins de l’axe.
A 6 h 15 je fais surface et hisse pour éviter toute méprise un grand pavillon français à la hune télescopique de vigie hissée à bloc transformée en mât de signaux
Je suis alors pris en charge par un chalutier et un dragueur anglais.
Le Capitaine de corvette Jean L’HERMINIER Commandant le sous-marin "CASABIANCA" signé L’HERMINIER



RAPPORT D’OPERATION
Chapitre M
En ces jours difficiles, l’attitude de tous a été celle que j’attendais : disciplinée et fanatique, avide d’en découdre, l’État major et l’équipage constitue un bloc parfaitement soudé digne d’une mission périlleuse.
L’inaction ou la patrouille anodine me paraissent de nature à décevoir sévèrement le personnel qui ne demande qu’à participer de façon collective à toute opération réputée dangereuse.



Chronologique des évènements de la sortie de TOULON à 1 H 55 le 28 novembre
05 h 05 - Alerte - Rappelé aux postes de manœuvre.
05 h 10 - Entendu rafales de mitrailleuses du côté de la porte Bazeilles. Largué de l’intérieur les aussières par les crocs de remorque La VENUS amarré à tribord du CASABIANCA appareille et rompt la panne du MOURILLON, elle engage son arrière dans un fil d’acier et entraîne derrière elle 3 ou 4 tronçons de la panne.
05 h 15 - Le CASABIANCA appareille dépasse la VENUS dans la passe du MOURILLON en la laissant par tribord. Le CASABIANCA fait route en avant 4 (10 nœuds) vers la sortie de la rade.
05 h 20 - 2 avions survolent la rade et allument leurs feux de route après avoir été repérés par les projecteurs. Ils éclairent la rade au moyen de fusées éclairantes à chenilles.
05 h 25 - Le CASABIANCA suivi par la VENUS, LE DIAMANT * et le MARSOUIN se présentent devant les passes. Le patron du remorqueur refuse d’ouvrir le barrage sans ordres supérieurs. Un avion se présente au-dessus des SABLETTES et lance une bombe ou mine qui explose à 300 m environ dans le gisement 120 du CASABIANCA. Les remorqueurs ouvrent le barrage. Le premier remorqueur engage son hélice et laisse le premier barrage incomplètement ouvert.
05 h 30 - Franchi la passe de TOULON. 3 avions survolent le CASABIANCA à 100 mètres d’altitude et lancent trois mines magnétiques au gisement 300 et à 200 mètres environ.
05 h 50 - Route au 130. 05 h 55 - Route au 180.
06 h 01 - 2 explosions plus rapprochées à bâbord. Le compas gyroscopique décroche. Le ventilateur stoppe ; les joints de pétrole sur la boîte égyptienne bâbord sont ébranlés et fuient légèrement.
06 h 12 - L’écouteur au G16 entend 4 explosions lointaines.

06 h 30 - 2 explosions à bâbord. Etc. Voir routes.
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